Prenons l'exemple d'un bâtiment qui s'élève à 35 mètres de haut et s'étend sur 38 mètres de profondeur. Cela fait 10 étages en haut, 11 étages en bas : 21 étages au total. Vous diriez que c'est petit ?
C'est la taille du premier « petit réacteur nucléaire modulaire » qui sera construit au Canada, sur le site de Darlington, à l'est d'Oshawa, si OPG obtient le feu vert en janvier. Il s'agit d'une conception américaine qui nécessite du combustible d'uranium enrichi, ce que le Canada ne produit pas. Jamais auparavant l'Ontario n'a acheté son combustible d'uranium à des étrangers.
Le nouveau projet est un « réacteur à eau bouillante » (REB), différent de tous les réacteurs qui ont fonctionné avec succès au Canada. Un réacteur CANDU à eau bouillante a été essayé au Québec il y a plusieurs dizaines d'années, mais ce fut un fiasco : il n'a fonctionné que 180 jours avant d'être fermé en 1986.
La conception du nouveau réacteur n'est pas encore finalisée. Son prédécesseur immédiat était un réacteur à eau bouillante plus puissant et dix fois plus volumineux. Appelé ESBWR (de l'anglais Economic Simplified Boiling Water Reactor), il a été autorisé à être construit aux États-Unis en 2011, l'année de la triple fusion de Fukushima au Japon. L'ESBWR a été retiré par le vendeur et n'a jamais été construit.
Le nouveau réacteur est une version simplifiée de l'ESBWR, qui était lui-même une version simplifiée du premier réacteur qui a fondu au Japon en 2011. Il élimine plusieurs systèmes de sécurité qui étaient inclus dans l'ESBWR. Il n'a pas de soupapes de surpression, pas de système de refroidissement d'urgence du cœur, pas de « récupérateur de cœur » pour empêcher un cœur fondu de fondre à travers le sol du bâtiment. Il dépend d'un système de « condensateur d'isolation » (ICS) pour remplacer les caractéristiques manquantes. En 1970, l'ICS est tombé en panne dans un réacteur à eau bouillante à Humboldt Bay, et à Fukushima, l'ICS est tombé en panne après quelques heures.
En février 2024, l'autorité de régulation américaine a déclaré qu'elle avait besoin d'une conception complète avant d'envisager l'octroi d'une licence. Au Canada, l'absence de conception complète ne semble pas être un obstacle.