Les déchets radioactifs toxiques sont coûteux à nettoyer. Le contrat du Canada pour
nettoyer ses déchets qui s’accumulent vaut des milliards pour un consortium de trois
entreprises : AtkinsRéalis du Canada et Fluor and Jacobs, basées au Texas. Les deux
sociétés américaines exploitent des installations d’armement nucléaire aux États-Unis
et au Royaume-Uni, en plus de leurs intérêts nucléaires canadiens.
Le paiement du Parlement au consortium l’an dernier s’est élevé à 1,3 milliard de
dollars. Les paiements annuels ont augmenté chaque année du contrat de 10 ans qui
se terminera en septembre 2025.
Le consortium exploite les « Laboratoires nucléaires canadiens » (LNC) dans le cadre
d’une entente avec Énergie atomique du Canada limitée (EACL) dite « GoCo
(Government-owned, Contractor-operated » qui signifie que le gouvernement possède
l’organisme, mais que le consortium le gère.
Le Royaume-Uni a abandonné les contrats de GoCo en raison des coûts exorbitants et
du faible rapport qualité-prix. En vertu du contrat de GoCo du Canada, EACL est
propriétaire des terres, des bâtiments et des déchets radioactifs, et le consortium de
trois sociétés exploite les sites d’EACL.
Lorsque le gouvernement Harper a publié le contrat de 10 ans pour la GoCo pendant la
période des élections fédérales de 2015, il a déclaré qu’EACL n’avait pas la capacité de
nettoyer les déchets radioactifs du Canada qui représentent des milliards de dollars et
qui datent de la Seconde Guerre mondiale et qu’elle devait faire preuve de « rigueur du
secteur privé ».
Sur leur versement annuel de 1 milliard de dollars, les trois sociétés partenaires
prennent 237 millions de dollars pour des « dépenses contractuelles ». Les salaires de
44 cadres supérieurs des LNC, pour la plupart américains, excèdent en moyenne
500 000 $ chacun.
La responsabilité du Canada comprend la contamination radioactive à Port Hope, en
Ontario, où l’uranium a été raffiné pour l’industrie américaine des armes nucléaires, la
contamination radioactive au site de laboratoire nucléaire de Chalk River provenant de
la production de plutonium pour les armes nucléaires américaines, et la contamination
radioactive provenant des réacteurs « prototypes » CANDU d’EACL fermés et de son
laboratoire de recherche Whiteshell au Manitoba.
Le coût de l’assainissement radioactif a augmenté chaque année du contrat, tout
comme les ambitions du consortium. Le centre d’intérêt s’est déplacé vers la
« revitalisation » de l’installation de Chalk River, où le Parlement a alloué des fonds
supplémentaires pour construire un « Centre de recherche sur les matériaux nucléaires
avancés ».
Le Centre mènera des recherches sur les PRM, y compris sur les combustibles au
plutonium. Les deux sociétés américaines ont des intérêts dans les PRM. Le nouveau
centre n’a pas subi de processus d’autorisation ou d’évaluation environnementale de la
Commission canadienne de sûreté nucléaire.
EACL devrait bientôt annoncer l'attribution d'un nouveau contrat Go-Co de 10 ans. Avant que le contrat ne soit signé, les députés devraient se demander si l'accord est bénéfique pour le Canada et si ces milliards devraient être entre les mains de gestionnaires et d'entreprises américains.